11 Sept. 1852
Ce n’est point sans regret que je me rends à votre desir Madame, en vous retournant la Partition autographe de Manfred – car je vous avoue qu’in petto je m’etais un peu flatté que Robert me la laisserait à titre de proprieté amicale. Notre théâtre en possède une copie très exacte qui nous servira aux representations subséquentes de Manfred; j’ai été tenté de vous envoyer cet exemplaire copié, qui pour la revision des epreuves suffirait; mais je ne sais quel scrupule de probité m’a retenu. Peut être trouverez-vous qu’il y a lieu d’encourager généreusement ma vertu un peu chancellante et dans ce cas vous n’aurez guère de peine à deviner ce qui me serait une récompense précieuse… Comment est la santé de Robert? Les bains de mer lui ont-ils fait du bien? J’espère qu’il sera bientôt rendu tout entier à son bonheur d’intérieur, – et à son pupitre de composition – Il m’eût été bien agréable de il vous renouveller notre visite de l’année dernière à Dusseldorf et j’ai été vraiment touché du gracieux Souvenir que m’en donne votre lettre! – mais hélas! un malheureux accident qui est arrivé à ma mère qui a failli se casser la jambe en descendant un escalier, l’a obligé a garder son lit plus de 9 semaines, et encore maintenant elle ne marche qu’à l’aide bequilles et il lui faudra plusieurs mois pour se remettre entièrement. Forcée qu’elle etait de rester à Weymar je n’ai pas voulu la quitter durant tout cet été et devais me refuser le plaisir d’une excursion de vaccances – La Princesse Witt – et sa fille qui est devenue une toute grande et charmante jeune personne, me chargent de leurs bien affectueux Souvenirs pour vous et Robert, auxquels je joins les plus Sincères voeux pour le prompt rétablissement de notre ami, et les cordiales assurances de ma constante amitié
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Weymar 11 Sept 1852.
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