Pesth 24 Decembre 39.
Certes, mon cher Monsieur Schumann, je viendrai à Leipzig, et cela en grande partie pour vous. Malheureusement mon temps sera bien limité: mais quinze jours suffiront maintenant pour toucher quelques points essentiels et nous lier d’une manière durable, je l’espère. C’est du 10 au 15 Fevrier (au plus tard) que je compte arriver à Dresde – et je sais pas encore si je n’irai pas tout d’abord à Leipzig – cela est probable. Je vous ecrirai cela d’une manière precise de Prague. Et si vous êtes assez bon pour venir à me rencontre j’en serai très heureux.
Une seule question aujourd’hui à mon retour à Vienne je jouerai surement à un 9me ou 10.me Concert votre Carneval. Vu les habitudes et les exigences du public ce morceau me parait le plus propre à produire un grand effet. Seulement, si je ne me trompe (et je vous paraitrai peut être un peu timide à cet egard) il gagnerait encore en effet, s’il etait un peu racourci. Serez vous donc assez bon pour m’ecrire quelles coupures vous permettriez volontiers, si tout est que vous en admettiez? je vous en serai vraiment reconnaissant.
J’ai été très heureux de la nouvelle de votre prochain mariage avec Clara Wieck. C’est une charmante personne et une veritable Artiste. Veuillez bien avoir la complaisance de lui remettre les quelques lignes ci après.
Je ne vous parle pas de ma chère et bien aimée hongrie ni de l’accueil que j’y ai reçu. Il a tellement depassé toutes mes espérances que j’en suis encore tout emu.
A revoir donc bientôt, mon cher Monsieur Schumann. D’ici là gardez moi votre bonne amitié et comptez sur toute la mienne.
T. a. v.
F. Liszt
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